Deux pèlerinages sur les pas de la foi : de Palerme à Taormine et de Tours à Vézelay

En ce mois d’octobre, deux groupes de pèlerins de notre Unité pastorale ont pris la route vers des destinations très différentes, mais unis par un même désir : nourrir leur foi à la source de l’histoire chrétienne et vivre une expérience fraternelle et spirituelle forte.
L’un est parti vers la Sicile, cette île méditerranéenne où la foi se vit au rythme de la vie populaire et de la beauté baroque, l’autre sur les pas de saint Martin de Tours, figure majeure de l’Église d’Occident.
Deux itinéraires, deux styles de pèlerinage, mais une même démarche intérieure : marcher à la rencontre de Dieu et des témoins de son amour.


En Sicile, à la rencontre d’une foi vivante et populaire

Guidé par l’abbé Philippe Goffinet (directeur des pèlerinages namurois), les pèlerins se sont envolés vers le sud pour un pèlerinage en Sicile, cette terre ensoleillée au cœur de la Méditerranée, à la fois rude et accueillante, fière de son identité et profondément marquée par la foi chrétienne.
La Sicile, la plus grande île de la Méditerranée, a vu se succéder Phéniciens, Grecs, Romains, Byzantins, Arabes et Normands. Chacun y a laissé une empreinte dans la culture, la langue, les traditions… et jusque dans les églises, où l’art byzantin et le baroque italien se mêlent harmonieusement.

Dès leur arrivée à Palerme, les pèlerins ont été saisis par la richesse artistique et spirituelle de la capitale sicilienne : sa cathédrale aux mosaïques dorées, ses catacombes capucines, témoignages saisissants de la foi populaire, et le sanctuaire du Monte Pellegrino, dédié à sainte Rosalie, patronne de la ville.
L’étape suivante les a menés à Monreale, célèbre pour sa cathédrale recouverte de milliers de mosaïques d’or représentant les scènes de la Bible, une splendeur qui élève le regard et le cœur.

En poursuivant vers Erice, charmant village perché à 750 mètres d’altitude, puis Agrigente, les pèlerins ont découvert la vallée des temples grecs, un site d’une beauté saisissante, témoin de la rencontre entre la foi antique et la lumière chrétienne.
À l’abbaye du San Spirito, fondée au XIIIe siècle et aujourd’hui habitée par des sœurs cisterciennes, la rencontre fraternelle autour d’un moment de prière et de douceurs à la pâte d’amande a profondément marqué les cœurs.

Les jours suivants, le groupe a séjourné à Catane, au pied de l’Etna, découvrant la cathédrale baroque dédiée à sainte Agathe, martyre et patronne de la ville, ainsi que le couvent bénédictin construit sur les vestiges d’une villa romaine.
Une journée à Syracuse a permis d’admirer l’un des sites archéologiques les plus remarquables de la Méditerranée, rappelant les racines gréco-romaines du christianisme.
Enfin, la dernière étape à Taormina et Acireale, avec ses ruelles fleuries, ses chefs-d’œuvre baroques et la vue imprenable sur la mer Ionienne, a clôturé ce pèlerinage sur une note de beauté et de gratitude.

Ce séjour fut une plongée dans la foi vivante du peuple sicilien, marquée par la ferveur, la joie et l’hospitalité.
À travers les mosaïques, les chants, les visages rencontrés, les pèlerins ont perçu la vitalité d’une Église locale engagée, notamment dans l’accueil des migrants et des plus pauvres, à l’image du message du pape François.


Sur les traces de saint Martin : de Tours à Vézelay

Pendant le même temps, un autre groupe, accompagnés par l’abbé Pascal Roger, a parcouru un itinéraire à la fois historique et spirituel, entre Tours, Ligugé, Poitiers, Candes et Vézelay, sur les pas de saint Martin, cet ancien soldat romain devenu moine, puis évêque et évangélisateur de la Gaule.
Né au début du IVe siècle, à une époque où l’Église sortait des persécutions, saint Martin a marqué durablement le christianisme occidental. Par sa charité, sa simplicité de vie et son ardeur missionnaire, il a su allier contemplation et action, prière et engagement.
Combien de paroisses, de villages, d’églises, en France et ailleurs, ne portent-ils pas encore son nom ?

Le pèlerinage a débuté par une halte à Blois, au sanctuaire de Notre-Dame de la Trinité, lieu de prière marial au cœur du XXe siècle, avant de rejoindre Tours, où les participants ont séjourné trois jours.
Là, ils ont vécu un moment fort de prière à la basilique Saint-Martin, qui abrite le tombeau du saint, et ont entendu le témoignage d’une religieuse investie dans l’accueil des pèlerins.
La découverte de la vieille ville médiévale de Tours, avec ses maisons à colombages et la majestueuse cathédrale Saint-Gatien, a permis de mieux saisir la profondeur spirituelle et culturelle de ce lieu de pèlerinage majeur du Moyen Âge.

La route a ensuite conduit le groupe vers l’abbaye de Ligugé, le plus ancien monastère d’Occident encore en activité, fondé par Martin lui-même vers 361.
Les pèlerins y ont partagé un temps de célébration et d’échange avec les moines bénédictins, avant un repas pris dans le silence du réfectoire monastique, à la manière de la communauté.
La journée s’est poursuivie à Poitiers, sur les pas de saint Hilaire, avec la visite du baptistère Saint-Jean, de la cathédrale Saint-Pierre et de l’église Notre-Dame-la-Grande, joyaux du patrimoine chrétien.

Enfin, le voyage s’est achevé à Candes-Saint-Martin, charmant village au confluent de la Loire et de la Vienne, où Martin rendit son âme à Dieu en 397.
Une célébration dans la collégiale, construite à l’emplacement même de sa mort, a marqué ce moment de recueillement et de gratitude.
Le dernier jour a conduit les pèlerins à Vézelay, dans la splendeur de sa basilique dédiée à sainte Marie-Madeleine.
Là, la fraternité monastique de Jérusalem a accueilli le groupe pour un temps de prière et d’échange, dans une atmosphère de paix et de beauté.

Ce pèlerinage fut bien plus qu’un voyage culturel : une expérience spirituelle profonde, une redécouverte de la simplicité évangélique, du sens du service et de la fraternité.
Chacun est reparti le cœur apaisé, renouvelé dans la foi, et désireux de faire rayonner autour de lui la joie de l’Évangile

Deux chemins, une même foi en marche

De Palerme à Taormine ou de Tours à Vézelay, ces deux pèlerinages ont offert aux participants bien plus qu’un voyage : une rencontre avec Dieu à travers l’histoire, la beauté et la fraternité.
Chacun est revenu avec des images, des visages, des paroles et des silences qui nourrissent la prière.
Et tous ont ressenti qu’en marchant sur les pas des saints et des témoins de la foi, on avance aussi sur son propre chemin intérieur, vers plus de lumière, plus de confiance et plus d’espérance.