Lettre ouverte … à tous les passionnés

Si vous êtes déjà abonnés au superbe périodique « Carillons de Lorraines », alors vous n’avez pas manqué cet article destiné aux passionnés. Pour les autres, séance de rattrapage ci-dessous avant de vous abonner rapidement 🙂

« Si les uns ne manquent pas le match de foot du dimanche, d’autres collectionnent des timbres ou passent beaucoup de temps dans leur jardin admirant plantes et légumes. Puis, il y a ceux pour qui le travail occupe toute la place ne laissant guère de temps à la vie familiale.

Certains aspirent sans cesse aux loisirs ou aux voyages. Rentrant de l’étranger, ils attendent la meilleure occasion pour repartir. Il y a encore les amoureux de cuisine, de vieilles pierres, de cinéma, de musiques, … Certains seront scotchés à leurs écrans des heures durant, alors que d’autres feront leur jogging comme une prière du soir, respectant scrupuleusement les consignes du coach. Et l’on peut continuer à énumérer ce que d’aucuns appelleront des « hobbys » et d’autres des « passions ».

Arrêtons-nous un peu à ce mot « passion ». Nous savons que si la passion, au sens fort, désigne bien davantage que des centres d’intérêts, elle n’en n’est pas moins envahissante et semble s’enraciner au plus profond de notre être. On ne se passionne pas pour des raisons intellectuelles, mais pour un motif qui trouve sa source ailleurs. La passion appliquée aux relations humaines peut faire peur. Les romans et films de cinéma qui évoquent des relations passionnelles effrayent bien souvent, tant la distance entre amour et haine, passion et violence semble restreinte. Mais que signifie ce mot « Passion » ? Sa racine latine nous parle de « souffrir » ou « endurer ».

Le dictionnaire le définira en ces termes : « Amour intense, affection, intérêt très vif, la passion est une émotion très forte qui va à l’encontre de la raison. » Pourtant, beaucoup de grandes réalisations ont été possibles parce que des passionnés se sont obstinés. Que ce soit dans le domaine des arts, de la politique, de l’engagement social, de la recherche, beaucoup se sont donnés corps et âme pour une cause à laquelle ils croyaient. Dans nos vies, l’amour le plus noble est souvent teinté de passion qui rend capable de l’impossible mais qui bat en brèche le simple raisonnable. Et tant mieux, car une vie simplement raisonnable serait vite desséchante. A l’approche des fêtes de Pâques, les chrétiens s’apprêtent à célébrer un Dieu déraisonnable. Ce que nous allons méditer lors de la semaine sainte, n’est rien moins que la passion de Dieu pour l’être humain. Une passion qui va au-delà de ce que l’on peut imaginer, jusqu’au don total ; une passion qui suscitera rapidement haine et violence chez les détenteurs du savoir ; une passion qui, pourtant, en Dieu n’est que douceur, amour, tendresse. Serait-il déraisonnable de préférer la paix à la guerre, le souci des petits à la loi du plus fort, le pardon à la vengeance, l’humilité à l’arrogance et la superbe ? A cause de ces choix, les chrétiens sont, aujourd’hui, le groupe humain le plus persécuté dans le monde. Et pourtant, cela n’en vaut-il pas la peine ? Dieu est passionné de nous pour que nous ayons la vie et une vie heureuse.

Belle fête de Pâques à tous ! »

Abbé Pascal ROGER